Programme de dépistage dermatologique du cancer professionel de la peau

Selon la pratique de la Suva, les tumeurs cutanées suivantes entrent en ligne de compte comme maladie professionnelle (MP), pour autant que la personne concernée ait exercé une activité principalement en plein air pendant plusieurs années:

• Carcinome épidermoïde et précurseurs (kératoses actiniques) sur une peau exposée à la lumière
• Basaliome sur peau exposée à la lumière, pour autant qu’il existe d’autres indices d’une lésion chronique due à la lumière.

La Suva recommande également de déclarer à l’assuranceaccidents les cas de lentigo malin et de mélanome malin du lentigo après une exposition professionnelle correspondante. Pour les autres formes de mélanome, une déclaration en tant que maladie professionnelle n’est actuellement pas recommandée, car l’évidence épidémiologique de la relation de cause à effet fait défaut.

Pour qu'un cas de maladie professionnelle soit examinée, il faut que la personne ait été assurée contre les accidents au moment de l’exposition professionnelle aux UV. Ainsi, même les travailleurs en plein air déjà retraités peuvent être annoncés à l’assurance-accidents compétente. Si certains critères sont remplis et que la lésion cutanée est reconnue comme maladie professionnelle, le traitement et les contrôles ultérieurs sont entièrement à la charge de l’assurance-accidents. Pour plus d’informations, voir [1].

Actuellement, seuls quelques cas présentant les diagnostics mentionnés sont déclarés comme maladie professionnelle. Afin d’améliorer la détection précoce, la Suva a lancé un projet pilote en 2021. Les collaborateurs d’une entreprise de construction âgés de 55 ans et plus, qui travaillent régulièrement à l’extérieur, ont été examinés à la polyclinique dermatologique de l’Hôpital de l’Île et conseillés en matière de protection solaire (2,3). Environ 20 % d’entre eux ont été diagnostiqués avec un cancer de la peau clair ou ses précurseurs.

A partir de 2023, le projet pilote sera étendu aux branches Enveloppe des édifices Suisse et Jardin Suisse (uniquement aux entreprises horticoles). La Suva soumettra les entreprises des deux branches à ce programme de prévention et déterminera ensuite quelles sont les personnes qui se qualifient pour le dépistage. Dans le pilote 2, il s’agit de tous les travailleurs âgés de 55 ans qui travaillent en grande partie à l’extérieur et qui, en raison du nombre d’années de travail au soleil, présentent un risque clairement plus élevé de développer un cancer de la peau clair d’origine professionnelle. Ensuite, les examens effectués dans toute la Suisse dans des centres dermatologiques et comprendront également des conseils sur la protection solaire.

La Suva prend en charge les coûts de l’examen ainsi que (s’il s’agit d’une maladie professionnelle) les autres frais médicaux pour les sinistres assurés par la Suva. La coordination entre les campagnes d’information de la Suva et les contrôles sur le lieu de travail, l’organisation des examens avec les centres dermatologiques, l’implication des branches et des petites entreprises concernées ainsi que les nouvelles exigences techniques et administratives posées au programme constituent des défis particuliers. Il est prévu d’étendre ultérieurement le dépistage à d’autres branches présentant un risque accru de cancer cutané clair.

 Ce texte apparaît également dans Dermatologica Helvetica 06/22.

1. Rast H. Berufskrank durch chronische Ultraviolett-Exposition im Freien – Maladies professionnelles liées à une exposition chronique aux rayons ultraviolets en plein air. Derm. Hel. 2018; 30 (2): 20-23
2. Krischek R, Marty Ch. Schutz der Haut vor natürlicher UV-Strahlung. EKAS Mitteilungsblatt. 2021; 93: 30-33 
3. Krischek R, Marty Ch. Protection de la peau contre le rayonnement UV naturel. CFST Communications. 2021; 93: 30-33