GettyImages-170961819.jpg

Le comportement humain : "Nous devons nous concentrer sur les personnes et leur comportement"

Table des matières

      Interview avec Jeannette Büchel, psychologue sociale et du travail à la Suva

      Pourquoi le comportement humain occupe-t-il de plus en plus de place dans le travail de prévention de la Suva?

      Par le passé, le fait de mettre l’accent sur les mesures d’ordre technique puis sur l’information et l’instruction nous a permis de réduire continuellement le nombre d’accidents. Mais pour poursuivre dans cette voie, nous devons nous concentrer sur l’homme et son comportement. Pour moi, il s’agit d’un facteur non seulement de risque, mais aussi de sécurité. Les témoignages des trois professionnels interrogés montrent bien que cet aspect est prépondérant dans la prévention des accidents.

      Comment influer sur le comportement humain?

      Nous devons d’abord comprendre ce qui amène les travailleurs à agir d’une certaine façon. Il peut par exemple y avoir plusieurs explications au fait que l’un d’entre eux ne porte pas ses lunettes de protection au travail: il n’a pas conscience du danger, imite ses collègues ou trouve cet attirail peu confortable. Si ces lunettes lui font mal au nez, il ne sert à rien d’insister sur les dangers auxquels il s’expose. Il est plus efficace de lui fournir un modèle adapté. C’est ce que je veux dire quand je parle de comprendre leur comportement. Un dialogue avec les collaborateurs est indispensable.

      Nous ne nous comportons pas toujours comme nous en avons l’intention. Par exemple, le fait de connaître les règles vitales n’empêche pas de les enfreindre. Comment l’expliquer?

      Souvent, ce n’est pas la conscience du danger qui guide nos actions. Nous oublions la sécurité parce qu’à un moment précis, nous accordons davantage d’importance à un autre aspect. À court terme, on peut comprendre le non-respect de ces règles: leur application coûte trop cher, prend trop de temps ou n’est pas «cool». Il est donc important que les supérieurs forment régulièrement les collaborateurs au respect des règles vitales, en abordant également les difficultés potentielles et en proposant des solutions. En ce qui concerne le manque de temps, par exemple, il s’agit d’organiser tous ensemble les processus de façon sûre et efficace, en gardant à l’esprit qu’exécuter une tâche en toute sécurité prendra toujours moins de temps que le rétablissement après un accident – sans parler des souffrances et des coûts occasionnés.

      Pourquoi est-il si difficile de modifier les comportements?

      Nous oublions tous très vite les bonnes résolutions que nous prenons en début d’année. Se comporter différemment implique de changer ses habitudes, ce qui est loin d’être facile. En outre, nous n’agissons jamais de façon isolée: nous tenons compte de ce que font les autres et de ce qu’ils attendent de nous. Souvent, nous prenons des décisions avec nos tripes plutôt qu’avec notre cerveau. Pour autant, faire évoluer les comportements est difficile mais possible. L’être humain est à même d’apprendre et d’évoluer à tout âge.

      Cette page vous a-t-elle été utile?

      Cela pourrait aussi vous intéresser